3. Left Bank de Pieter Van Hees
Genre: Fantastique Belge
Année : 2008
Durée : 107 minutes
L'histoire : Une athlète qui se réfugiait dans le sport pour fuir les contacts humains, est obligée de suspendre ses activités et de se confronter au monde extérieur. Elle s'installe avec son homme dans un appartement et découvre sur place des phénomènes étranges.
Avis : Voilà une œuvre tout à fait atypique dans le paysage du cinéma belge (flamand pour être plus précis). Construit sous le signe de l’austérité, le récit foisonne d’une kyrielle d’idées scénaristiques allant du rite paganique à l’existence d’une Guilde séculaire en passant par des concepts de réincarnation chère au bouddhisme sur fond de logement social. Toutes ces notions baignent dans une atmosphère réaliste, délétère et très épurée, sans le moindre effet de style.
Il y a tout même quelques visions sporadiques, telles des flashs visuels nimbant l’état de sommeil, qui viennent entrecouper la linéarité du récit pour signifier subrepticement la destinée de l’héroïne Avenir qu’on lui prédit assez noir au vu de ces présages hallucinatoires.
L’actrice est au diapason du ton du film : un jeu tout en sobriété qui lui fait franchement crever l’écran. Même si le film fait son petit effet, grâce à une construction maligne et une ambiance auréolée d’étrange, l’ombre des premières œuvres de Polanski tendent à le coltiner à l’exercice de style réussi.
L’épilogue, exécutant le contre pied parfait, jouera la carte de la surexposition, offrant ainsi aux spectateurs une immonde représentation de la monstruosité (scène très réussie avec une caméra saccadée maintenant parfaitement l’artifice). S’ensuivra une fin abrupte et biscornue qui peut prêter à une multitude d’interprétations.
Il est à noter aussi quelques scories qui nous font sortir, parfois, du mystère concocté par Pieter Van Hees. Comme cette scène où le médecin ne s’inquiète guère en voyant le genou nécrosé de l’athlète.
Un bon film mais je me demande s’il n’est pas un poil surestimé par le circuit du cinéma bis…
Note : 14/20
Ber
Une jeune athlète privée de sport suite à une blessure au genou et guère enthousiaste à l’idée de passer sa convalescence chez sa mère envahissante emménage dans l’appartement de son récent petit ami – Matthias Schoenaerts avant la consécration Rundskop – et découvre que la locataire précédente a disparu dans des circonstances mystérieuses. Histoire de tuer le temps elle mène sa propre enquête sans trop se préoccuper de l’évolution pour le moins inquiétante de son état de santé et au fil de ses investigations s’enlise au propre comme au figuré dans la tourbière maléfique où semble reposer l’immeuble tout entier. Ou comment toucher le fond et creuser encore. Entamé telle une chronique sociale façon frères Dardenne Leftbank bascule progressivement dans le cinéma de genre et rappelle par sa trame et son atmosphère étrange La secte sans nom de Balagueró. Mais là où l’Espagnol, avec un minimum d’effets, parvenait à insuffler une tension constante à cette histoire comparable de rites païens secrets, Pieter Van Hess, dans un souci probable d’authenticité, abuse des allers-retours fréquents entre réel et fantastique et brise sans cesse l’élan donné à son film. On retiendra néanmoins de cet OVNI flamand une mise en scène originale, une interprétation sans faille (le cinéma de nos voisins du nord ne manque décidément pas de talents) et un final en apothéose abrupt, surprenant et intrigant.
Note : 14/20
Olive