BRIC-à-BRAC n° 2 : Petite considération sur le Giallo
Pour les béotiens (te sens pas visé mon cher Laurent !), voici, en préambule un petit explicatif sur le terme Giallo au cinéma :
C’est un genre de film d'exploitation italien, à la frontière entre le cinéma policier, le cinéma d'horreur, le fantastique et l'érotisme qui a connu son apogée dans les années 1960 à 1980
Son nom « Giallo » (« jaune » en français) est emprunté à la littérature policière italienne des années 30 qui, sous l’égide des éditions Mondadori, proposait des couvertures sur fond jaune canari.
Un giallo sur papier lambda
Extrêmement codifié, le genre « giallo » se caractérise par de grosse scène de meurtres à haute teneur en hémoglobine, un jeu de caméra stylisé et une musique tout à fait atypique. L’élément « whodunit », cher au giallo littéraire, se verra également adoubé à sa transcription cinématographique.
Historiquement, c’est Mario Bava qui initia le mouvement. Son « La ragazza che sapeva troppo (1963)” marque les prémices d’un genre en pleine devenir. C'est l'année suivante, dans son « Sei donne per l'assassino » que Mario Bava introduit un des éléments emblématiques du genre, le meurtrier masqué avec une arme brillante dans sa main gantée de noir.
De Mario Bava
Eelsoliver a mainte fois chroniqué les fleurons du genre via son blog, le très fréquentable http://cinemadolivier.canalblog.com/. De notre côté, OlivePg et moi avons, en ces pages, tel deux professionnels d’escrime, confronté nos deux plumes afin de tenter de rendre honneur à certaines pépites de Dario Argento ou autre Lucio Fulci. Et ce, afin d’offrir une vitrine à un genre déchu.
Déchu ?...Pas si sûr finalement. 2010 aura eu le loisir de remettre en exergue ce bon vieux giallo. Je vais étayer cela par trois exemples aux fortunes assez diverses.
Débutons par celui qui ne fait pas dans la dentelle. Présenté au BIFFF 2010, le dernier film en date de Dario Argento s’accapare, ni plus, ni moins, le terme Giallo pour son titre ! Le pire était à craindre au vu de la filmographie post 2000 d’Argento. La critique n’a pas boudé son plaisir à assassiner le métrage. Descendu en flèche un peu partout, le film n’aura même pas eu le loisir d’avoir une sortie salle digne de ce nom...Navrant.
La seconde lueur vient de Belgique. « Amer » d’Hélène Cattet et Bruno Forzani est bien loin du giallo pure jus. Mais de par son esthétique charnelle et de ses thématiques suaves et fantasmagoriques, le métrage se revendique du giallo dans la description des trois âges clés de la vie tourmentée d’Ana. Entre désirs, réalité et fantasmes. Il y a fort à parier que le test approfondi du film trouvera bientôt place dans ce blog...
Pas encore sorti chez nous, « Les yeux de Julia » se targue d’une très bonne réputation. Guillermo Del Toro, producteur du film, le décrit tel un giallo sexuellement chargé, comme un mélodrame métaphysique. Avec un point de vue extrêmement féminin sur un genre par essence masculin. Trois mots s’imposent à nous : Wait and see...
Fin