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Ze-Fantastique-Four
14 septembre 2010

1. DEUX ACTEURS ANGLAIS A CINECITTA

 

 

Profondo rosso (1975)

versus5

 

 

 

 

Dellamorte Dellamore (1994)

 

 Pitch

 Tandis qu’un pianiste émérite piste un tueur détraqué, ...

 

 

 

 

 

 

profondo

 

 

 

... un fossoyeur désabusé s’évertue à gendarmer les énergumènes logeant dans son cimetière.

 

 

 

 

dellamortedellamore

 

 

 

Avant propos

 

« Profondo rosso », de Dario Argento

David Hemmings interprète le rôle de Marcus Dally, un pianiste qui piste un tueur sanguinaire.

« Dellamorte Dellamore », de Michele Soavi

Rupert Everett est Francesco Dellamorte, le fossoyeur de Bellafora. 

Compte rendu de Ber (après relecture par Stephen Vincke)

 Argento et Soavi ont utilisé la même recette pour porter aux nues leur métrage. A savoir extirper de ses brumes londoniennes un acteur anglais pour lui injecter de la pasta dans les veines. A ce petit jeu transalpin, si David Hemmings s’impose tel un Paul McCartney jouvenceau et sans la moindre once de pleutrerie, Rupert Everett, quant à lui, s'inspire ouvertement de Dylan Dog, héros du fumetto (bande dessinée italienne) du même nom, dans lequel un détective anglais enquête sur des cas paranormaux. Etrangement, le personnage sur papier ressemble comme deux gouttes de Pale ale à l’acteur anglais !

Voici un petit aparté sous forme de retranscription audio, très fidèle, des premières impressions des deux acteurs britanniques lorsqu’ils ont foulé pour la première fois le sol italien :

1° Lieu : aéroport de Rome, octobre 1973 :

 

_ Wouldyoulikeacupofcarbonara  aurait bafouillé Dario Argento en accueillant David Hemmings lors de sa descente de l’avion à Ciampino.

_ I don’t smoke a rétorqué l’acteur anglais, du tac au tarmac

Sur cette réponse, tombant telle une sentence irrémédiable, Argento en perdit son latin

 

2° Lieu : gare Roma-Termini, juin 1994 :

What-a-country-of-bad-mother-fucker !

a grommelé Monsieur Everett entre ses dents d’une blancheur éclatante.

(Rupert Everett arrivait à la gare de Roma-Termini. A cause d’un quiproquo malencontreux, qui trouve son origine dans la distraction de l’assistant du coiffeur attitré de Soavi, personne n’accueillit l’acteur anglais à son arrivée sur le quai. Il rejoignit la première cabine téléphonique en lâchant cette petite joyeuseté au peuple italien) 

Fin (de l’entracte)

 

Il faut bien avouer que les deux héros ne pataugent pas dans la même bolo. Marcus se dépatouille dans un giallo pur jus avec son énigme insondable, ses maquillages surannés et son  zigouilleur pulsionnel. Par contre, c’est dans une farce loufoque à souhait qu’évolue Francesco Dellamorte (dont le patronyme maternel est Dellamore !) qui, armé de sa pelle et de son revolver, tente vaille que vaille de maintenir un semblant d’ordre dans son cimetière. Nécropole qui à la curieuse particularité de voir ses pensionnaires ressusciter sept jours après leurs funérailles…

Mais comment nos héros occupent-ils leur journée dans leur pellicule respective ? Si le premier est un dilettante qui enquête sur son temps libre, le second double ses heures de travail en éliminant une seconde fois les défunts de son cimetière : Sisyphe au royaume d’Hadès.

Mais point d’inquiétude au sujet de la santé mentale de notre fossoyeur, car le bonhomme trouve quand même du temps à lui. Quand il ne chipote pas à son crâne-puzzle, Francesco lit le bottin téléphonique…juste pour le plaisir de lire ! Il tombera même amoureux le bougre. Et trois fois s’il vous plaît ! Pour pousser encore plus loin la loufoquerie, ses dulcinées auront toutes les traits de la délicieuse Anna Falci. Elle brisera à chaque fois le cœur du pauvre Dellamorte en enfilant respectivement le rôle de la veuve éplorée, de la prude peu farouche et de la prostituée juvénile. Le garçon y perdra toutes illusions amoureuses ainsi qu’une partie de sa virilité. Cet état de cause le poussera à dépasser sa condition avec à la clef, des poussées meurtrières sans plus le moindre discernement…

Pour l’anecdote, on notera que le père de Rupert Everett avait toujours rêvé, dès sa plus tendre enfance, de devenir fossoyeur. Et figurez-vous qu’il renonça à cette carrière lorsqu’à l’âge de 10 ans, il resta pétrifié d’effroi devant la vision d’un cimetière plus qu’inquiétant à la télévision. C’était pendant la diffusion d’un obscur film de mort-vivant réalisé par le propre père de Soavi ! Pour autant, rien ne laisse croire que Michele Soavi était au courant de cette particularité lorsqu’il demanda à l’acteur anglais de jouer dans son film

Marcus, notre pianiste-enquêteur (David Hemmings, excellent mélomane depuis l’adolescence, capable de jouer « Feux-Follets » de Liszt, de son seul auriculaire droit) est le témoin impuissant d’un meurtre crapuleux. En pleine période de spleen, le pianiste va se plonger corps et âme dans l’enquête policière en menant ses propres investigations. Tout bien réfléchi, on se demande tout de même si la ravissante journaliste qui lui colle aux basques n’est pas sa principale motivation … Cela pourrait paraître sensé couché ainsi sur papier mais au vu de la sauvagerie du tueur, la persévérance de Marcus frôle plutôt l’inconscience ! C’est sur fond d’un suspense prégnant, de dessins morbides et de comptines assassines que le giallo délivrera efficacement sa marchandise sur plus de deux heures (et sans réel essoufflement !). Mais sans pourtant éviter les écueils de quelques facilités de scénario : la photo du témoin d’un meurtre publié en première page d’un canard ou bien la plante ultra rare qui localisera la tanière du sadique. Un po’ schifo no ?

Examinons un peu les épilogues qui nous offrent chacun une fortune assez identique.

Afin de pousser à son paroxysme le propos farfelu de Dellamorte Dellamore, Soavi clôture son film sur un plan que l’on jurerait tout droit sorti de la célèbre « Twilight zone ». Qui s’en plaindra ?

Argento ne berne pas non plus le spectateur avec la résolution de l’intrigue qui se joue sur les dernières minutes. Avec, à la clef, un  suspect inattendu qui n’étonnera pourtant en rien les plus attentifs. En effet, un gros indice visuel a été lâché au tout début du film.

Même si Dellamorte Dellamore paraît plus fun avec son mort-vivant qui fuse motorisé hors de sa tombe ou encore son armée de boyscouts sur le retour, le film a du mal à éviter, à force de jouer l’ironie à foison, le ridicule lors de certaines scènes.  Ses deux plus grands moments consistent en l’apparition angélique (et topless !) d’Anna Falci en plein ébat sexuel sur une pierre tombale et en l’évocation du tableau « Les amoureux » de René Magritte lorsque, un linceul sur la tête, Francesco et l’actrice italienne s'embrassent dans l’ossuaire.

Il est temps de mettre en balance ces deux pépites italiennes. Qui du giallo rouge carmin et son tueur compulsif ou de la farce surréaliste à forts relents mortifères emportera mon adhésion d’aficionado du cinéma de genre ?

Verdict : 

 Dellamore Dellamorte est déclaré vainqueur.

Et ce grâce à l’originalité de son propos (l’allégorie d’une humanité en recherche perpétuelle de l’amour qui finira irrémédiablement avorté) et à l’excellente interprétation de Rupert Everett, tout bonnement génialissime autant dans l’absurdité de ses actions que dans ses mimiques drolatiques.

Au final, Profondo rosso n’est pas, selon moi, le giallo ultime du signore Argento. Le réalisateur avait réussi son véritable coup de maître dès sa première œuvre, L’oiseau au plumage de cristal.

Maintenant il ne tient qu’à vous de vous faire votre propre opinion. Que vous me lisiez au préalable ou pas, sachez juste que mon avis personnel est tout à fait authentique sans avoir reçu la moindre pression d’un quelconque studio. C’est pourquoi, cet avis je le partage gaiement avec la blogosphère même si je me suis permis quelques petites incartades avec la réalité biographique de certaines personnalités…

  

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Commentaires
E
oui pas de pb: oui y'aura elephant man, santa sangre, robocop...
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B
Une rubrique du genre "In filmo veritas" qui, comme tes dossiers cinéma, autopsie le film par ses thèmes...Des films d'horreur ou fantastiques....<br /> <br /> Ok?<br /> <br /> Faudrait que je voie les films qu'on choisirait de mettre ici. Donc faut débuter par Elephant man <br /> <br /> Ca me ferait vachement plaisir d'héberger qques un de tes articles. <br /> <br /> Mi casa, Su casa !!!!!!!!<br /> <br /> Ber
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B
J'ai pas vraiment envie finalement d'avoir un lectorat exacerbé...je fais ma petite popotte pour la postérité (p.e. montrer un jour ce blog à mon fiston...)<br /> <br /> Je préfère m'exprimer de façon bcp plus régulière chez toi.(même si pour le moment avec le petit bébé je suis en pause carrière chez toi...).<br /> <br /> Mon blog polar est bcp plus actif finalement...<br /> <br /> Ber<br /> <br /> Ps : Là, j'essaie de trouver un nom sympa pour ta rubrique chez moi....<br /> <br /> Ber
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E
et bien, redis moi ça veux tu... Pour ce qui est des trois rasés et deux tondus qui viennent ici, c'est dû, à mon avis, aux billets trop espacés. Vraiment, il faudrait publier plus régulièrement. Mais ce n'est que mon avis.
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B
Tout à fait d'accord pour ta participation. Je vais créer une nvelle rubrique car les "Doubles programmes" sont assez spécifiques car ils opposent deux métrages autour d'un thème commun...Mais je suis 100% pour avec ton idée de mettre qques billets thématiques à toi! Même si mon site n'est lu que par trois rasés et deux tondus! Ou alors grâce à toi je vais booster l'affaire !!!!!<br /> Je cogite là-dessus!<br /> Ber
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Ze-Fantastique-Four
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