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Ze-Fantastique-Four
30 janvier 2009

4. TROUBLE de Harry Cleven

Trouble

De quoi ça parle ? :

Un jeune homme va inexorablement perdre pied suite à sa rencontre avec un frère jumeau dont il ignorait totalement l’existence.

Un peu d'histoire :

Le film a remporté le Grand Prix du festival du film fantastique de Gérardmer 2005.

Que du trivial :

Harry Cleven ne voulait pas de story-board. Il a donc, durant la préparation du film, opté pour un pré-film en vidéo, fait avec des étudiants et une caméra de surveillance.

Note imdb (décembre 2008) : 5,4 /10 (251 votes)

Avis partagés :

1° Berardo :

Même si n’y a aucun élément fantastique, ni d’horreur dans ce film, son côté thriller psychologique très extrême lui ouvre grand le chemin de mon blog spécialisé.

Cleven essaie de nous amadouer dès le départ par un générique in utéro tout en poésie. Mais on comprend très vite à quoi on a affaire lorsqu’on pénètre, lors de la première scène, dans la tête du héros, Matyas, blindée de bribes refoulées liées à son enfance. Ces remémorations restant très vaporeuses au réveil, Matyas vit dans un bonheur certain dont l’arrivée prochaine d’un deuxième enfant doit encore égayer le quotidien. Le drame va pourtant vite s’installer au sein de sa famille avec l’arrivée d’un frère jumeau sorti de nulle part. Ce dernier, manipulateur et mystérieux, va perturber au plus haut point notre héros. Matyas va sombrer dans une étrange crise identitaire pour laquelle son frère jouera, en lieu et place de bouée salvatrice, le rôle de sac de lest qui l’enfoncera encore plus dans sa schizophrénie. On aura droit à des scènes qui font froid dans le dos. Comme celle où le jumeau réapparu propose à son frère d’assister à sa place à l’accouchement de sa femme parce qu’il défaillit à la seule vue d’une goutte de sang. Le malaise va se faire de plus en plus prégnant à mesure que le métrage se déroule. J’en veux pour preuve  cette scène où Matyas, ayant oublié ses clefs, frappe à sa propre porte et est accueilli par son fils enlacé dans les bras de son frère jumeau. Au plus le héros va perdre ses repères, au plus le jumeau va s’engouffrer dans cette faille.

Tout tourne indéniablement autour d’un secret que le frère veut réveiller insidieusement dans la tête de Mathyas. Celui-ci cherchera les éléments partout où c’est possible. Chez un père déchu et sans voix qui ne s’exprimera que par la violence (superbe Gourmet) ou chez l’épouse de son frère qui l’entraînera dans un jeu tout aussi pervers que le plat principal. Toutes les entreprises du héros ne feront qu’aggraver la situation insoluble.

La dernière demi-heure fera monter encore d’un cran la tension du film. Dans le décor de la maison d’enfance, la tragédie va trouver son point d’orgue et les masques vont définitivement tomber. Le spectateur va se retrouver totalement bluffé et la déstructuration du héros va prendre un tournant vraiment très inattendu sur le final. Plutôt que de clôturer le film sur une fin heureuse ou dramatique, Cleven préfère offrir au héros une sorte de nouveau départ teinté d’une totale immoralité.

On ne peut pas parler toutefois de film parfait. Certaines scènes fonctionnent moins bien (le bras de fer fratricide par ex.) mais le film a la chance de s’appuyer sur un scénario de haute volée, ce qui le place sur des sentiers où on ne peut que lui reconnaître une qualité indéniable de l’ensemble.

Et dire que l’on est face à du cinéma belge ! Dommage qu’aujourd’hui (en 2009) on n’ait pas plus de nouvelles du réalisateur qui aurait du rebondir sur ce succès d’estime. Magimel s’en sort très bien dans ce double rôle pas évident.

A l’instar d’un Dead Ringers (Faux-semblants en vf), la gémellité trouve un superbe support dans le cinéma de genre. Il est ici traité de façon viscérale avec très peu de dialogue explicatif sur le ressenti des personnages. Cela doit se vivre avec les tripes et je peux vous assurer que l’expérience est assez troublante pour le spectateur. C’est ainsi que l’on se rend compte que le titre du film s’accorde autant aux personnages du film qu’aux cinéphages qui le regardent.

Ber

Note : 16/20

2° Olivier

Il n’est pas rare que le cinéma francophone se prenne les pieds dans le tapis quand il y va de sa petite production à la sauce hollywoodienne. A fortiori en matière de thriller. Aussi était-on en droit de s’attendre à une énième resucée du genre avec à la clé scénario bancal, réalisation fauchée et rires involontaires en guise de sueurs froides. Il n’en est rien ! Harry Cleven évite avec brio le piège de la parodie et signe un film personnel de très bonne facture. Ici, pas de serial-killer façon Se7en, de romancière machiavélique aux poses lascives ou de « conseiller en orientation » cannibale. Trouble joue la carte émotionnelle et nous emmène sur les traces d’un jeune père de famille – Benoît Magimel, impressionnant d’ubiquité – qui retrouve son frère jumeau dont il ignorait l’existence et avec lui un passé « trouble » qui peu à peu va resurgir au gré d’une quête identitaire filmée avec élégance. A la grande surprise et à la curiosité des premiers instants vont très vite succéder le doute, l’incompréhension et la méfiance. Et notre bon père de famille de basculer inexorablement de l’autre côté du miroir tendu par ce frère énigmatique qui va se substituer à lui à mesure que le passé rattrape le présent jusqu’à une révélation finale des plus inattendues. Un très bon thriller au bout du compte avec – cerise sur le gâteau – la présence au générique des talentueux Olivier Gourmet et Natacha Régnier. Cocorico !

Olive

Note : 15/20

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Commentaires
O
Olive PG pour Pascal Gabriel pour répondre à la question de Berar avec un peu de retard (Noir Dez' for ever!)
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E
plus de 100 000 visiteurs sur mon blog: je viens de publier un billet à ce sujet, alors n'hésite pas à rebondir et à intervenir.
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E
je comprends ta remarque mais POAK ne prête pas à rire: c'est vraiment une expérience unique... et surtout il a fait largement le débat sur le blog...
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B
Moi ça me fait froid dans le dos....<br /> <br /> Je prèfère le cinéma de genre quand il revêt des aspects moins réalistes. La véritable horreur (celle vécue par des personnes réelles) passent bcp moins bien à l'écran à mes yeux. Ca retourne à l'intérieur et met mal à l'aise...J'opte plus pour le gore plus léger où l'outrance n'a d'égal que l'intensité de nos éclats de rire....<br /> <br /> Je pense que je ne regarderai jamais ce film. <br /> <br /> Ber
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E
sinon, ça n'a rien à voir mais il me semble que je t'ai déjà parlé de philosophy of a knife... je suis étonné de ne pas avoir de com de ta part sur ce film, même si tu ne l'as pas vu... (attention, ce n'est pas un reproche!)<br /> Sincèrement, lis l'article avant d'aller voir le lien qui mène vers l'extrait vidéo: j'aimerai vraiment avoir ton avis dessus... le film est ds la catégorie inclassable ou ds le sommaire du blog, lettre P.
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Ze-Fantastique-Four
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